domenica 16 febbraio 2014

Mort de Pascal Royère, responsable d'un grand chantier de restauration d'Angkor



Pascal Royère sur le chantier du Baphuon (dans les années 2000).
Pascal Royère sur le chantier du Baphuon (dans les années 2000). | DIDIER FASSIO, "ANGKOR, L'AVENTURE DU BAPHUON", CERIMES/EFEO

Pascal Royère, directeur des études de l'Ecole française d'Extrême-Orient (EFEO), architecte DPLG, docteur en histoire de l'art, est mort le mercredi 5 février à Toulouse, à quarante huit ans. Taillé comme un colosse, le directeur des études de l'EFEO, responsable des plus grands chantiers de restauration auCambodge, pays auquel il a consacré ses vingt dernières années, a été terrassé par une maladie qui a eu raison, en cinq mois, de sa flamme à relever les temples de grès d'Angkor, l'ancienne capitale de l'empire Khmer aux prises avec la jungle.

Jusqu'au dernier moment, « Pascal Thom », le « Grand Pascal », comme l'appelaient familièrement les Cambodgiens, avait continué à suivre à distance la restauration de l'un des plus énigmatiques sanctuaires du site archéologique d'Angkor : celui du Mébon occidental, l'île-temple, érigée au milieu du barayoccidental (réservoir) et dont il fallait redresser les parois écroulées.
UN MONUMENT UNIQUE
Occupé à 80% par un bassin carré dans lequel reposait le monumental et lumineux Vishnu endormi –aujourd'hui exposé au musée national de Phnom Penh –, ce « monument unique par sa forme, son culte, symbolise le moment de la création du monde, le sommeil de Vishnu entre deux périodes cosmiques », nous précisait-il, le 24 octobre 2013 par téléphone. C'est à partir de l'été 2011 qu'il s'était voué à la restauration du Mébon, après avoir consacré près de vingt ans àredresser un autre joyau d'Angkor, le « temple montagne » du Baphuon.
Ce chantier titanesque du Baphuon lui avait été confié en 1995, alors qu'il était âgé de trente ans. Il s'agissait alors pour le jeune architecte qu'il était, de remonter, avec une équipe de trois cents Cambodgiens, un Lego de 300 000 blocs de grès, sculptés, de 500 kilos chacun, tous différents, qui gisaient dans la forêt, sans classement aucun. Le temple, menaçant de s'écrouler, avait été démonté au début des années 1970 par son prédécesseur l'architecte Jacques Dumarçay qui voulait en consolider la base par un procédé d'« anastylose ».
GIGANTESQUE PUZZLE EN 3 D
Ce chantier a été l'épilogue d'un siècle de travaux successifs, rythmés par les épisodes souvent dramatiques de l'histoire du Cambodge et relatés dans le documentaire Angkor, l'aventure du Baphuon (2010) de Didier Fassio, diffusé par le CERIMES (Centre de ressources et d'information sur les multimédias pour l'enseignement supérieur).
A l'arrivée des Khmers rouges en avril 1975, le temple reposait en pièces détachées sous les arbres géants de la jungle et il le resta: la région ne fut sécurisée qu'en 1998. Il fallait repartir de rien, les plans avaient disparu, restaient les pierres d‘un gigantesque puzzle en 3D à recomposer.

La disparition de Pascal Royère laisse l'Ecole française d'Extrême-Orient dans le deuil. Bertrand Porte, l'un de ses proches co-équipiers de l'EFEO au Cambodge, parle de lui comme d'un « sacré bosseur, d'une grande rigueur, d'une grande loyauté, quelqu'un sur qui on pouvait compter à tout moment (…) Il prenait à bras le corps tous les problèmes des chercheurs, il structurait, organisait, conseillait…» Franciscus Verellen, directeur de l'EFEO, salue, pour sa part, la « chaleureuse personnalité » d'un « chef de projet et de chantier chevronné, meneur d'hommes,conseiller averti, collègue bienveillant et estimé, fidèle ami » qui « nous laisse une œuvre déjà emblématique, de pierre et d'érudition ».
DOCTORAT EN 2002
Né en juillet 1965, à Villeneuve-lès-Bouloc (Haute-Garonne), Pascal Royère passe son enfance dans une famille unie, avant de suivre une formation de technicien supérieur dans la construction qu'il complète par l'obtention du diplôme d'architecte DPLG, à Nantes. En 1993, il rejoint la mission d'archéologie de Doura-Europos, en Syrie, sous la direction de Pierre Leriche. La même année, il est recruté par l'EFEO et affecté à Siem Reap au Cambodge pour conduire, sous la direction de Jacques Dumarçay, un programme de maintenance des temples du petit circuit du parc archéologique d'Angkor.
En 1995, il entreprend la description architecturale d'Angkor Vat, puis la restauration du temple du Baphuon lui est confiée. Sous la direction de Bruno Dagens, il prépare un doctorat sur l'histoire de ce monument, thèse qu'il soutient en 2002. Il conduit des recherches sur la typologie du « temple-montagne » khmer. Ses travaux sont récompensés en 2007 par le grand prix de la Fondation Louis de Polignac. En 2011, il est co-lauréat du Prix d'archéologie de la Fondation Simone et Cino del Duca avec le centre EFEO de Siem Reap. En juillet 2011, la cérémonie d'inauguration du Baphuon restauré, qui met un terme à ce chantier pharaonique, est présidée par le roi Norodom Sihamoni (qui a succédé à son père Sihanouk sur le trône du Cambodge en octobre 2004) et par François Fillon, alors premier ministre français.
HOMMAGES AU CAMBODGE
Lors des funérailles de Pascal Royère, à Villeneuve-lès-Bouloc (Haute-Garonne), vendredi 7 février, l'hommage que le roi cambodgien a envoyé a été lu devant sa famille nombreuse, sa femme Andrée, sa fille Lucie, et ses nombreux amis, français et cambodgiens. Le message royal souligne son talent d'architecte et ses qualités humaines, comme son soutien indéfectible et son affection pour le Cambodge et les Cambodgiens. Dans le même temps, à Siem Reap, au Cambodge, plusieurs cérémonies étaient improvisées au Baphuon par les ouvriers, qui ont travaillé avec lui à la restauration, ainsi qu'au Wat Svay Romiet, la pagode bouddhiste qui, sur les bords du baray occidental, fait face au Mébon

http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2014/02/09/mort-de-pascal-royere-responsable-d-un-grand-chantier-de-restauration-d-angkor_4363020_3382.html

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