martedì 24 giugno 2014

Gerry Goffin, mort d'un grand parolier pop

MUSIQUES | Le songwriter s'est éteint le 19 juin à Los Angeles. Il laisse derrière lui nombre de tubes des années 1960, dont “Will You Love Me Tomorrow”, des Shirelles, et “The Loco-motion”, de Little Eva.

François Gorin

Gerry Goffin
Gerry Goffin - © Joseph Marzullo/WENN.com

Gerry Goffin, dont on vient d'apprendre la mort à l'âge de 75 ans, à Los Angeles (d'une cause non précisée), fut un de ces glorieux obscurs de la pop américaine qui, au début des années 1960, composaient pour les autres. Ils œuvraient presque toujours en tandem, formaient parfois des couples ; ainsi le nom de Goffin est-il à jamais associé à celui de Carole King, qui fut dix ans sa moitié, dans la vie comme en musique – et les deux se mêlaient, en ce temps-là on allait au bureau tous les jours pour écrire des chansons.
Gerald Goffin, né le 11 février 1939, grandit dans le Queens, un quartier de New York, travaille dans l'atelier de son grand-père fourreur et voit la lumière un soir quand son père l'emmène à une comédie musicale de Rodgers et Hammerstein. A la fac, il découvre le rock'n roll avec une jeune fille délurée, Carole Klein, alias King. Ensemble ils se font embaûcher en 1959 par Don Kirshner, éditeur et producteur, dont la compagnie Aldon est installée au 1650, Broadway, à deux pas du fameux Brill Building — pour goûter la saveur de l'époque, revoir l'excellent Grace of my Heart d'Alison Anders.

Goffin et King ont à peu près le même âge que leurs interprètes. Parfois c'est un gommeux latino (Tony Orlando), parfois des jeunes filles noires. Les Shirelles leur offrent un premier n° 1 avec Will You Love Me Tomorrow. Carole King est l'élément moteur, mais elle a toujours reconnu à son partenaire un don rare pour « entrer dans la tête des femmes ». Cette sensibilité fait de Goffin & King un des tandems les plus brillants et demandés des années 1960-1963, avec Jerry Leiber & Mike Stoller (leurs idoles), Burt Bacharach & Hal David, ou Barry Mann & Cynthia Weil. Une kyrielle de tubes s'ensuit pour Bobby Vee, les Crystals, les Coasters ou les Drifters. Même leurs concessions les plus faciles aux modes (The Loco-motion de Little Eva) restent dans les mémoires.

Arrive la British Invasion. Au début, tout va bien : John Lennon et Paul McCartney veulent devenir « les Goffin & King anglais ». Les Beatles reprennent Chains sur leur premier album. Les Animals, Herman's Hermits, Hollies, les imitent. Mais tous ces groupes se mettent à écrire eux-mêmes leurs chansons. Les songwriters, « non-musiciens, non-chanteurs », sont démodés. Bob Dylan leur donne le coup de grâce. Gerry Goffin le voit en concert en 1965 et en sort stupéfait : « Il me fait passer pour un nain. » Jugement un peu exagéré, mais l'auteur fragile en est ébranlé. Il se met aux drogues : marijuana, LSD – erreur fatale, selon ses pairs (Barry Mann : « Gerry n'aurait jamais dû essayer l'acide »).
Goffin & King fournissent les Monkees, les simili-Beatles américains, autant que Dusty Springfield (Dusty in Memphis) voire Aretha Franklin (Natural Woman), et s'installent à Los Angeles. Mais le couple bat de l'aile et finit par divorcer en 1969, après un somptueux chant du cygne, le Goin' Back des Byrds. Si la séparation donne des ailes à son ex – devenue star avec son propre album, Tapestry –, elle marque une rupture pour Goffin : « J'ai laissé tomber l'idée d'être un grand parolier. » Avec Michael Masser, il décrochera cependant plusieurs succès d'ampleur par la suite, via Diana Ross ou Whitney Houston. Depuis une vingtaine d'années, il vivait dans une semi-retraite, rescapé d'un âge révolu de la pop.

http://www.telerama.fr/musique/gerry-goffin-mort-d-un-grand-parolier-pop,114018.php

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